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Une Grenadine bien frappée

ou

Noëlle en février

 

Question : comment appelle-t-on les habitants de Grenade :

·        les grenadins (et les grenadines),

·        les grenadiers,

·        les grenadistes,

·        les grenadiens,

·        les grenadois,

·        les grenadés, les gredins, les granités…

 

Pour toute bonne réponse, une consultation gratuite de l’excellent site http//:voilier-indeed.jimdo.com

 

Noëlle arrive de Bretagne et me rejoint pour une quinzaine de jours. Je lui ai proposé une croisière vers les Grenadines. Nous serons 2 captains à bord, Noëlle délaisse son voilier Louarn Coz, le vieux renard en breton, basé à Loctudy, et ce n’est pas la première fois : elle m’avait rejoint à Tahiti pour une croisière dans les îles sous le vent, Raiatea, Tahaa, Huahine, et plus tard on avait navigué ensemble à bord de Balum Piti en Manche, sans compter mes passages sur son bateau.

Lundi 16 février

J’ai loué une voiture depuis le début de mon séjour ici, je vais à l’aéroport avec une heure d’avance, je prends mes précautions à cause du carnaval ! 22h15, Noëlle arrive en théorie à 23h20.

Elle sortira finalement de la zone passagers après 1h du mat’ ! Je commençais à imaginer qu’elle avait manqué sa correspondance à Madrid ou Miami… Non, c’étaient simplement les formalités qui s’éternisaient !

On file au bateau à Chaguaramas, Noëlle déballe ses affaires, elle apporte des confitures et des crêpes d’Elliant, des sardines de Concarneau, du pâté Hénaff de Pouldreuzic !

 

Le carnaval de Trinidad

mardi 17 février

Le matin, nous partons explorer la côte nord de Trinidad vers Macqueripe. Nous faisons une belle balade dans la « cathédrale de bambou », une route bordée et même surplombée de bambous géants.

L’après-midi, on file à Port of Spain, la capitale de Trinidad, on gare la voiture comme on peut, et on va assister au défilé du carnaval : dans Ariapita street, au son des camions électriques, on admire des costumes souvent assez délirants. Ambiance joyeuse, bon enfant, familiale. Le niveau sonore de la musique est infernal, mais ça ne gêne personne, bien au contraire, la foule s’agglutine autour des énormes haut-parleurs des camions.

On va au Queen’s Park Savannah, beaucoup de monde : il y a les marchands de barbapapa, de bière ou de bazars en tous genres, des gamins qui jouent. On aimerait voir des « steel bands », on n’en verra qu’un, installé sur un camion et jouant tout en roulant.

 

mercredi 18 février

le matin baignade à Macqueripe, sur cette petite plage face au large. Pour se remettre, on se boit un jus d’ananas excellent.

L’après midi, on veut retourner au carnaval, mais il n’y a plus rien, c’est fini, c’est le mercredi des cendres !

On part se balader avec la voiture, un peu au hasard on vise Waterloo, mais la conduite à Trinidad est complexe : on se perd, malgré guides et cartes ; pas de panneaux, pas d’indications…

 

à Trinidad

On finit par arriver au fond du golfe de Paria, et on découvre un temple hindouiste construit sur l’eau au bout d’une digue artificielle, la réalisation d’un homme seul, en butte aux propriétaires voisins il y a une trentaine d’années.

Non loin de là, on va voir un autre temple avec une immense statue du dieu singe Hanuman, d’une trentaine de mètres. On comprend à quel point Trinidad est multi-culturel, avec une communauté indienne forte, mais aussi des communautés musulmanes et asiatiques.

Retour, on s’achète du poulet-purée-frites dans un fast food indien.

 

jeudi 19 février

Tentative de balade vers Lopinot, un hameau dans la montagne à l’est de Port of Spain : dans notre guide on nous parle d’une plantation de cacao, et Noëlle aimerait voir des cabosses de cacao. On finit par renoncer, on ne trouve pas la route !

 

La conduite à Trinidad

On était deux à bord, on avait un guide touristique, une carte modeste mais qui avait le mérite d’exister, et un drôle de petit livret avec des photos aériennes pleine page des quartiers de Port of Spain et de sa banlieue, et on se perdait quand même !

On conduit à gauche ici, un reste du passage des anglais dans la Caraïbe, mais ça n’explique pas tout. Avant que Noëlle arrive, j’ai cherché une carte routière – au bureau de tabac, dans une librairie, puis une autre, chez un marchand d’accessoires auto, et finalement dans une station essence, où on m’a donné le conseil définitif : vous trouverez ça au poste de police !

Il faut être né à Trinidad pour conduire à Trinidad : il n’y a que peu de pancartes, souvent il n’y en a pas, parfois elles sont placées juste au carrefour, trop tard… Il y a beaucoup plus de routes en vrai que sur nos pauvres cartes, mais malgré ça on ne trouvait jamais la route qu’on cherchait !

La conclusion ? Trinidad n’est pas une île faite pour les touristes.

 

On retourne vers Port of Spain, où on a repéré en passant le marché aux légumes et les rues commerçantes.

On se gare, et on part explorer les magasins de tissus, on achète des légumes.

On retourne vers notre voiture… Plus de voiture ! On nous a volé notre voiture ! On va voir une fliquette au coin de la rue, qui instantanément nous explique que notre voiture a été embarquée à la fourrière ! Elle hèle une remorqueuse-fourrière, ce n’est pas celle-là, puis une autre qui passe là, je n’avais jamais vu autant de remorqueuses-fourrière dans un si petit rayon, c’est celle-là, on se fait aussitôt embarquer direction la fourrière, à 5 minutes de là. Cette affaire aura duré ½ heure, et nous aura coûté une grosse amende… Et ça ressemblait vraiment à du racket organisé : il y avait (presque) autant de voitures garées des 2 côtés de la rue où on s’était mis, mais c’était un stationnement alterné… Franchement, vous le trouvez clair, ce panneau ?


Des écoliers en uniforme, c'est plutôt bien, ne pensez-vous pas ?

Plutôt que les baskets Reebok et les t-shirts Nike, pour ceux qui peuvent...

Retour à Chaguaramas, je passe à la voilerie pour récupérer les voiles d’Indeed.

Après la grosse chaleur de l’après-midi, nous partons faire une balade vers la cascade « Edith Falls » : nous suivons un sentier qui serpente dans une belle forêt tropicale, pas d’eau dans la cascade, et pas de cabosses de cacaoyers, pas la bonne époque, mais belle balade quand même.

Nous profitons de la voiture pour faire des grosses courses pour notre virée vers les Grenadines.

 

On s’invite au restau de notre chantier naval Power Boats, au bord de l’eau, et on démarre par une piña colada !

 

Vendredi 20 février

On ré-installe les voiles à poste, opération un peu longue et complexe, et on n’est pas trop de deux pour ça.

Nous rendons notre voiture de location, puis nous faisons la « clearance », les bureaux de la douane sont tout près. La pluie démarre, on va s’abriter au bistrot.

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vue vers l'ouest, au débouché de la Boca de Monos

Nous larguons les amarres à 16 heures, pour une navigation de nuit vers Grenade : il y a environ 90 milles nautiques, une vingtaine d’heures de navigation, et nous ne voulons pas arriver de nuit à St George’s, la capitale de Grenade, dont nous ne connaissons pas l'entrée du port.

Cette navigation est compliquée par le courant qui nous déporte vers l’ouest. On pensait être tranquillement au travers du vent, finalement on sera au près serré tout du long, et on terminera même en ajoutant le moteur, presque face au vent, qui a forci.

 

Samedi 21 février

Nous arrivons à Grenade en fin d’après midi, un peu cuits et fourbus. Nous entrons dans le « Lagoon », nous posons notre ancre, mais peu de temps après on nous demande de nous déplacer, apparemment on gêne le passage. On recommence la manœuvre.

C’est le weekend, trop tard pour faire la « clearance », nous sommes des clandestins.

Le soir, une fois l’annexe gonflée, nous nous offrons une piña colada dans un bar chic de la marina. Ah que c’est bon…

Dimanche 22 février

St George’s est une jolie ville qui nous donne envie de l’explorer. Avec l’annexe, on va se mettre au quai de Carénage, le quartier qui donne sur l’anse nord. C’est vraiment un charmant petit bourg assez anglais, qui nous fait penser à St Peter Port de Guernesey, avec un tunnel qui va vers le quai des paquebots : un tunnel, c’est une rareté aux Antilles.

Dimanche, tout est fermé, sauf une galerie marchande pour les passagers des paquebots. On fait du shopping, noix de muscade, bermuda, t-shirt, cartes postales.

 

En revenant vers notre mouillage, on s’arrête à la marina du « Lagoon », la marina Port Louis, pour parcourir les pontons, on cherche et on retrouve Mana, rencontré à Ténérife ; Jean et Josyane nous invitent à manger à leur bord.

En fin d’après midi, on va prendre une douche dans les sanitaires hyper luxueux de la marina, et on va boire avec Jean et Josyane, quoi donc ? Une piña colada, bien sûr.

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un aperçu du journal de bord de INDEED

Lundi 23 février

Lever matinal, nous allons acheter du pain, nous passons voir Mana et je passe un livre sur Magellan à Jean, une bonne lecture de marin voyageur.

9 heures, départ vers Carriacou, et nous allons faire beaucoup de moteur, le vent est presque de face.

Nous dépassons le nord de Grenade, et après l’îlot du Diamant, la carte marine nous indique de drôles de choses ; nous finissons par comprendre que nous sommes dans une zone interdite, au dessus d’un volcan sous-marin !

Arrivée à la tombée de la nuit à Carriacou dans Tyrrel Bay, et soirée à bord. Et nous sommes toujours clandestins dans les Grenadines de Grenade !

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Arc en ciel sur Tyrrel Bay à Carriacou

Mardi 24 février

Depuis plusieurs jours, Noëlle n’arrive pas à envoyer de SMS, ni à téléphoner. On va à terre, et on trouve un bistrot avec « free WIFI », enfin elle peut envoyer un message aux bigoudens.

Et de mon côté, je prends rendez-vous pour faire caréner mon bateau dans 2 semaines, dans un petit chantier naval au sud de la baie.

11h, départ vers l’île de Union : nous quittons les Grenadines de Grenade pour les Grenadines de St Vincent. Belle journée de navigation, où le vent tourne au fil de notre avance. Un grain nous fait nous abriter derrière Frigate Island, le temps de déjeuner.

Le soleil revient, nous partons vers Clifton Village, où nous comptons faire notre clearance. On approche, un « boat-boy » à bord d’un bateau à moteur nous propose ses services, nous refusons poliment.

On rentre dans le mouillage, on tourne, on cherche un bon endroit, on s’approche un peu trop du bord et on se plante dans le sable ! Dans ce genre de situation, on joue du moteur, éventuellement on essaie de faire giter le bateau pour décrocher la quille, ou au pire on pose l’ancre un peu loin avec l’annexe, et on se tracte dessus.

Pas le temps d’envisager ces différentes solutions : dans les 45 secondes qui suivent, 3 speed-boats avec leurs boat-boys sont autour de nous, mettent leurs amarres sur nos taquets, tirent, poussent, et nous sortent de là en 3 minutes.

Ouf, merci beaucoup à vous tous !

On va mettre notre ancre dans 10 mètres d’eau, et on reprend notre souffle. Et nous voyons revenir nos boat-boys, qui ont dû se mettre d’accord. Ils me réclament une somme, je ne comprends pas très bien, je leur demande de me la dire en dollars américains, 4 dollars, et je sors généreusement du carré avec 5 dollars. Drôle de tête de mes interlocuteurs, je finis par comprendre qu'ils me demandent 400 dollars !

Discussion tendue et détestable, je finis par lâcher une grosse poignée de dollars, on sent que ça va mal tourner, et ils sont plus nombreux que nous... Écœurés, on lève l’ancre, et on retourne vers notre petit mouillage tranquille de Frigate Island, pour ruminer notre déception. Soirée sur ancre. On est toujours clandestins, mais cette fois-ci aux Grenadines de St Vincent. Ce qui est sûr, c’est que je ne remettrai jamais les pieds à Union.

Mercredi 25 février

Au réveil beaucoup de vent, et une douzaine de kite-surfers dans la baie : on admire le spectacle, des cracks font des sauts sur les vagues, les débutants se font ramener vers la plage par les bateaux d’encadrement.

11 heures, départ pour Carriacou, jolie navigation sous génois seul, on arrive à Tyrrel Bay vers 13h30. On voulait aller aux Tobago Cays, un endroit magnifique que j’avais découvert avec Balum en 2004, mais le vent et la mer sont trop forts, on y aurait souffert ! Nous décidons donc de retourner à Carriacou qui nous a beaucoup plu.

Nous faisons enfin notre « clearance » : nous allons faire les formalités d’entrée dans le pays, et une douanière vulgaire nous accueille comme si on la dérangeait, on l’empêche de manger et de consulter son téléphone.

Le soir nous allons au restaurant Slipway : une piña colada suivie d’un mahimahi grillé et d’une lemon tart, le tout servi par une patronne et une serveuse charmantes.

 

Les formalités de douane – La clearance – La zarpe…

Que serait un voyage en bateau sans la « clearance » ? La première préoccupation du navigateur quand il aborde un pays nouveau, c’est la clearance. Et la démarche varie selon les pays. Entre bateaux on se refile les procédures à suivre, les adresses des bureaux, le n° du bus pour y aller, le prix que tout ça coûtera…

Parfois on passe dans un bureau unique, et le problème est réglé en ¼ d’heure, mais c’est une cas rare.

La plupart du temps, il faut passer dans au moins 2 bureaux, quand ce n’est pas 3, 4 ou 5. A chaque fois, il faut remplir des formulaires format A4 en 5 exemplaires, mais la nouveauté du 21ème siècle, c’est le carbone, eh oui. Gros progrès. Ensuite il faut attendre, parfois ¾ d’heure, et enfin on a droit aux 14 coups de tampons.

Vieux souvenir à bord de Balum, en 2004 à St Domingue : "Je me rends au bureau de la Marine de Guerre. Un sous-fifre, limite analphabète, met une demi-heure à remplir le papier, il recopie en majuscules mon passeport, la langue touchant le bout du nez. A la fin, il m'explique que ce n'est pas payant, mais que je donne ce que je veux. Je lui donne deux dollars. Me voilà en train de corrompre un militaire !"

A mon arrivée au Brésil, les opérations, dans 3 bureaux différents, distants de quelques kilomètres les uns des autres, ont duré 2 jours…

A mon départ du Brésil, j'étais dans un des bureaux, le sous-fifre avait lu, relu mes questionnaires remplis avec amour, mais, le bureau ouvrant à 8 heures, le chef n'est arrivé qu'à 9h15, et il n'y a que lui qui est habilité à donner le coup de tampon final, alors j'ai attendu, et quand il est enfin arrivé, il lui a fallu une 1/2 heure...

La plus aimable ? La douanière de Chaguaramas, qui, pour m’expliquer ce que j’avais à faire, le tapait dans « Google traduction » puis tournait son écran vers moi. Adorable et souriante !

La pire ? Celle de Carriacou, ex aequo avec le fonctionnaire de la police fédérale du Brésil, mais celui-là, je pense qu’il était bête…

Quand on est aux Antilles, on change d’île, on change bien souvent de pays. Et à chaque fois c’est le même cirque. Ah le bonheur des frontières européennes, où on ne s’arrête même plus quand on passe en voiture !

 

Jeudi 26 février

On fait relâche à Tyrrel Bay, journée de repos, on s’y plait bien. L’après-midi, grande expédition en annexe, d’abord dans la baie, on fait les curieux, on va voir des bateaux de tous les pays, Australie, Pays Bas, Canada, Danemark, puis on part explorer une lagune presque fermée au nord de la baie, pouvant servir d’abri en cas d’alerte cyclonique, cernée de mangrove, ces arbres qui plongent leurs racines dans l’eau salée. On change de monde, l’endroit est désert, seuls restent quelques épaves de voiliers et de canots, peut-être là depuis le dernier cyclone.

Retour au bateau, nous nous baignons, l’eau est claire et le fond est tapissé d’oursins ; on va regarder la chaîne et l’ancre, puis le captain gratte la coque sur 50 cm de longueur, il est vraiment temps de caréner le bateau !

Vendredi 27 février

Après une bonne nuit, nous partons à 9 heures ; grand voile à 2 ris, demi-génois, nous aurons des claques de vent jusqu’à 30 nœuds.

A nouveau nous passons au dessus de notre volcan sous-marin. Nous arrivons vers 16 heures à Grenade, dans le « Lagoon », et nous appelons à la VHF la marina Port Louis, cette fois-ci nous prenons une place au ponton. Nos amis de Mana sont partis ce matin. Nous profitons du luxe de cette marina chic, en particulier de ses douches magnifiques que nous avions déjà testées.

Petites courses au supermarché Foodland, puis à la tombée de la nuit nous allons boire une piña colada au bar Yolo, que nous connaissons déjà.

Le WIFI n’est pas accessible du bateau, je débranche mon ordinateur, et nous partons derrière la capitainerie, pour consulter nous mails.


La bière, tout le monde sait ce que c'est, mais la piña colada ??? Vous connaissez bien sûr la caïpirinha brésilienne, le ti punch antillais, la piña colada vient de Porto Rico. C'est un cocktail à base de rhum, de jus d'ananas et de crème de coco, et on passe tout ça au blender avec des glaçons : une merveille !

Samedi 28 février

Matinée shopping : dans une boutique de la marina, le captain se trouve un très beau tee- shirt, Noëlle se trouve des petits cadeaux à rapporter.

On part à pied vers Carenage : nous avions déjà exploré la ville mais c’était un dimanche, la ville était déserte, « sunday it’s closed ». Aujourd’hui samedi, la ville est animée, les boutiques sont ouvertes, les bateaux à quai chargent du bazar, des dames vendent leurs productions maraîchères sur le trottoir, oignons, bananes, pastèques. On part vers le marché, et nous continuons notre shopping : des « cocoa bowls », de la cannelle, du curcuma frais. On fait le tour des étals, on discute avec les mamas pour connaître le nom de leurs produits. Sur les quais, un rasta nettoie des gros coquillages à la brosse à dents, On va papoter avec lui et Noëlle fait affaire, elle s’offre un très beau coquillage tout frais pêché et nettoyé.

Retour à pied vars la marina, on s’arrête au comptoir du Tropicana Inn, et le barman nous prépare un « smoothie » maison avec banane et papaye fraîches.


Coiffures de rastas, avec ou sans bonnet...

Après le repas, Noëlle va prendre une douche fraîche et le captain rebranche l’ordinateur : Tabernacle, pas moyen de le redémarrer ! Pas d’ordinateur à bord, ça veut dire plus de messagerie, plus d’AIS, plus de cartes marines, le drame.

On décide de partir quand même, je sors l’ordinateur de secours, et je vais reporter, au fil de notre avance, les positions GPS du bateau sur la carte : on invente une solution de secours, assez satisfaisante, ce qui me rassure.

Nous partons vers Prickly Bay, sur la côte sud de Grenade ; cette baie est a priori très abritée, et on sera bien positionnés pour notre route retour vers Trinidad. Vent soutenu mais trajet sans problème ; on avait imaginé se mettre au ponton, mais personne ne nous répond à la VHF, 2-3 allers-retours devant les pontons à petite vitesse, on finit par prendre une bouée avec l’aide de nos voisins étatsuniens, qui viennent en annexe passer notre bout’ dans l’anneau de la bouée.

L’ordinateur est toujours en panne, et Noëlle me raconte que son ordinateur lui avait fait la même chose, il n’avait redémarré qu’une fois la batterie très bien rechargée. Je ne branche plus mon ordinateur sur le 12 volts du bord, mais sur mon convertisseur 220 volts, et aussitôt il remarche !

 

L'autre nom de Prickly Bay, c'est "L'anse aux Épines", avec orthographe variable !

Nous entendons les préparatifs sonores et bruyants de la soirée du samedi au bar de la marina ; un orchestre teste ses instruments et la sono. En fin d’après midi, nous allons boire notre piña colada rituelle, et nous découvrons qu’il s’agit d’une soirée étudiante de la St George’s University ; grosse foule, et des étudiants musiciens passent sur scène au micro avec leur guitare. Nous sommes un peu surpris de la proportion de blancs (95%...), dans ce pays où nous croisons essentiellement des noirs.

Le vent, qui s’était calmé dans l’après-midi, se renforce dans la nuit, des rafales font siffler les haubans.

 

Dimanche 1er mars

Petit déj’ à bord d’Indeed : un grand verre de jus d’ananas, puis un bol de café au lait ou café noir, c’est selon, pancakes faits par le captain, tartines avec marmelade d’ananas, confiture rhubarbe-fraise d’Elliant et beurre brésilien.

Pendant que Noëlle fait la vaisselle, je me lance dans la recherche du problème d’alimentation électrique de l’ordinateur. J’ouvre le tableau électrique, et je trouve des fils brûlants, il était temps que je règle ça, c’était un coup à mettre le feu au bateau.

 

On a des cartes à poster, nous partons à pied à la recherche d’une boîte aux lettres. Comme d’hab’, « sunday it’s closed »,  pas grand monde sur les petites routes, on finira par nous proposer de retourner à St George’s pour trouver une Post Office ! Dans une petite épicerie ouverte, on se trouve du pain, des jus de fruits, et de la salade fraîche sur le conseil d’une cliente du magasin : Noëlle hésitait entre 2, mais, nous dit-elle, l’une est une production locale, l’autre est importée !

L’après-midi nous profitons de cette baie protégée du vent et de la houle pour aller à la plage et nous baigner.

 

En fin d’après-midi nous allons au bistrot de la marina, un film est projeté sur grand écran, en anglais, « Une nuit au musée », et les gens regardent ça en famille.

 

Lundi 2 mars

Nous nous occupons de la « clearance », nous quittons officiellement les Grenadines. Une fois les formalités réglées, nous demandons aux douaniers s’ils savent où nous pouvons trouver une « letter box » pour poster nos cartes postales, et l’un d’eux nous propose spontanément de les poster le soir en rentrant chez lui. Les douaniers peuvent être vraiment bien, contrairement aux médisances de certains bloggeurs !

 

Retour au bateau, nous nous préparons : pliage de l’annexe, rangements. Départ à 4 heures, les prévisions météo nous sont plutôt favorables, ce qui n’aura pas été si fréquent depuis l’arrivée de Noëlle !

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beaucoup de bateaux autour d'Indeed entre Grenade et Trinidad

Départ à 16h, comme à l’aller. Nuit idéale pour naviguer, bon vent, lune aux ¾ pleine, nous reprenons le rythme des quarts, surveillance du cap, de la dérive due au courant, des cargos et des plateformes pétrolières.

 

Mardi 3 mars : En fin de nuit nous apercevons la silhouette de Trinidad, et nous terminerons au moteur, sous une grosse chaleur moite. Quelques grands dauphins nous accueillent.

Dans la « Boca de Monos », le défilé pour arriver à Chaguaramas, nous dérangeons des centaines de pélicans posés sur l’eau, spectacle étonnant.

Noëlle à la barre, nous nous dirigeons vers le ponton d’attente pour aller à la douane ; pas de place, nous tournons, nous virons, et Noëlle aperçoit un boat-boy qui gesticule sur le quai du chantier « Power Boats » : mais oui, c’est Jean-Paul, de Esperanza, qui est arrivé ce matin de St George’s. Il va nous aider à faire la manœuvre délicate pour nous amarrer « cul à quai », j’avais réservé ma place avant de partir vers les Grenadines.

Nous partons à 3 et à pied vers la douane, 2 heures de paperasses, puis retour sous une pluie façon crachin breton.

Jean-Paul passe à bord boire un jus de fruits, et au dodo.

 

Mercredi 4 mars

De bon matin, nous changeons le bateau de place, la place prévue était occupée hier à notre arrivée. Je retrouve ma place d’il y a 15 jours, et, aussi, hélas, mon voisin façon ours des cavernes. Manœuvre toujours aussi délicate, mais impeccable grâce à la virtuosité de Noëlle et à l’aide de Jean-Paul.

Nous allons récupérer une voiture de location. L’après-midi nous partons dans les rues commerçantes de Port of Spain que nous avions découvertes par hasard. Noëlle s’offre quelques « yards » de tissus exotiques, et nous achetons à un vendeur à la sauvette des CDs et des DVDs du carnaval 2015 : On va y découvrir des images magnifiques des défilés et des steel bands.

À 7 heures du soir, Nous allons à bord d’Esperanza, Jean-Paul nous sert un punch martiniquais, et nous partons au restau au bord de l’eau ; une dernière piña colada pour Noëlle qui repart vers la Bigoudénie demain.

Jeudi 5 mars

Dernière matinée tropicale, lessive, valise, et quelques grains. Nous partons vers 11h30, l’avion décolle à 15h20 mais nous nous méfions des embouteillages. Jean-Paul nous accompagne, il va laisser son bateau au sec à Trinidad, et repart dans quelques jours vers la France pour ne revenir qu’en novembre et reprendre sa balade antillaise. Son avion décollera à 5 heures du mat’, et il veut voir s’il y a des hôtels près de l'aéroport, ou des navettes…

 

Noëlle est partie, plus rien ne me retient ici, le 9 mars à 8h, je pars faire ma « clearance ». Comme c’est dimanche, je suis en « overtime », en dehors des heures ouvrables mais c’est ouvert quand même, la plaisanterie me coûte 30 € à la douane, et 30 € au bureau de l’immigration… Celui qui a inventé le concept du « overtime » payant était un malin !

A 9h30, j’embauche Jean-Paul pour m’aider à quitter mon quai, et on n’est pas trop de 2. Je l’emmène même au poste de carburant, je fais le plein de fuel au tarif « trini », j’en profite avant de retrouver les tarifs métropolitains en Martinique…

 

Je suis arrivé ici le 5 février, il y a plus d’un mois. Trinidad n’est pas une île touristique à proprement parler. Ici il y a du pétrole, des industries, nous n’avons trouvé des coins à touristes qu’en partant vers les Grenadines. Les plaisanciers viennent à Chaguaramas pour faire des travaux sur leur coque ou leurs voiles, et y stockent leur bateau à sec pour rentrer en Europe ou aux États Unis pendant la période des cyclones. Donc séjour utilitaire peut-être, mais très agréable quand même.

Je commence ma remontée des Antilles. Je vise Carriacou où j’ai pris rendez-vous au petit chantier naval de Tyrrel Bay pour faire nettoyer la coque de Indeed.

A 10 heures, je repasse la Boca de Monos, les pélicans sont toujours là. Le début de ma navigation est un peu laborieux, vent faible et courant fort, et puis peu à peu, tout s’arrange, je fais une belle traversée de nuit vers Grenade, avec une presque pleine lune. Le soleil se lève, et ça va se dégrader : sur toute la remontée de la côte de Grenade, je vais avoir des grains, des nuages bien noirs qui font monter le vent, et ça durera jusqu’à mon arrivée à 18h à Carriacou, 25 à 30 nœuds de vent, des grosses vagues…

Je pose mon ancre au fond de Tyrrel Bay, dans 3,50 mètres d’eau, à 100 mètres de la plage ; le vent est un peu moins fort que dans la baie, et il n’y a aucun clapot, magnifique ! Douce nuit.

Ah, les grains tropicaux…

Grand sujet de discussions entre marins, en ce moment ! Depuis ma traversée du Pot au Noir, je m’habitue aux grains. Il y en a vraiment beaucoup, en ce moment, ou même cette année…

En général, on voit arriver le grain d’assez loin (si on ne dort pas !), le nuage est très noir, et en dessous on voit la colonne de pluie, aussi noire ! Il faut alors estimer s’il se dirige vers le bateau, ou s’il passera à côté. Pourvu que…

Si on y a droit, on a intérêt à avoir fait le nécessaire : fermer tous les hublots, réduire les voiles et se préparer mentalement ! Au minimum l’averse démarre, et c’est du sérieux, le bateau en ressort lessivé tout propre bien rincé. Mais la plupart du temps, le vent démarre, et il peut passer de 15 à 40 nœuds en quelques minutes ! Ça m’est arrivé dans le Pot au Noir, puis au large de l’embouchure de l’Amazone, et il y a quelques jours encore (en moins fort, seulement 30 nœuds) en longeant Grenade.

Heureusement, la plupart du temps ça ne dure que quelques dizaines de minutes, et, du coup, la mer n’a pas le temps de se former. C’est déjà ça de gagné !

Mardi 10 mars : je vais au chantier naval, je rencontre le patron Edwin, je lui rappelle mon passage il y a 15  jours, il me répond « oh yes indeed ! ». On prend rendez-vous pour sortir le bateau jeudi matin 8 heures.

De retour au bateau, je vois passer un voilier à quelques mètres de Indeed, je regarde mieux, pas de doute, c’est Fleur de Sail ! Ils arrivent de Tobago, on ne s’est plus vus depuis Ténérife, mais je suis leurs aventures sur leur site web, des aventures mouvementées avec une météo pas toujours clémente. Je les embauche pour me donner un coup de main jeudi matin pour aller au chantier naval, le vent n’a pas l’air de vouloir se calmer.

Je suis ici pour une à deux semaines, après je remonterai, avec quelques arrêts, vers la Martinique : un petit séjour chez des gens qui parlent français me plaît bien !

 

samedi 14 mars, à bord de INDEED, à Carriacou – Tyrrel Bay

12°27N   61°29W

 

 

Réponse à cette question existentielle,

« comment appelle-t-on les habitants de Grenade » :

en fait il y a 2 possibilités, au choix, c’est vous qui décidez :

Grenadin et Grenadine

ou bien

Grenadien et Grenadienne

Allez voir la page "Les îles perdues", on y parle de ce livre superbe, un bel objet. Et aussi de Tintin !

 

Les bonus vidéos

INDEED en mer d'Iroise

Quelques images d'Indeed dans les îles de la mer d'Iroise, avec le dauphin Randy à l'île de Sein en invité surprise.

Transat retour Açores - Bretagne :

Ambiance de la transat retour Açores-Bretagne, dans le carré, sur le pont ou devant l'étrave, il y a toujours quelque chose à voir.

Indeed au Royaume de Redonda - Une île déserte, et pourtant elle a un roi depuis le 19ème siècle. Une drôle d'escale.

Petite Terre - Sargasses, iguanes et barracudas -  Une réserve naturelle très protégée au sud-est de la Guadeloupe.

 La vie du récif des îles de Gwadloop - Un vrai bonheur de plonger sur le récif - un bonheur ? Non, un enchantement !

un clic et c'est parti sur Youtube

Les dessous d'Indeed, tout ce que vous avez toujours voulu voir d'Indeed sans jamais le pouvoir, parce que vous avez peur de mettre la tête sous l'eau !

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Serpents de mer et colibris - le bonheur de voyager sous les Tropiques, c'est de contempler des animaux qu'on ne connaissait que dans les livres ou au cinéma, dans l'eau, dans l'air, sur terre.

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Quelques vues du Carnaval des écoles à Trinidad & Tobago.

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 INDEED et les dauphins, un rêve marin en vidéo en un clic.

Allez aussi voir les journaux de bord du mois d'août 2014 : Molène, Le Port Rhu, les Glénan...

"Favet Neptunus eunti" : "Neptune est favorable à ceux qui voyagent" !

Rue du Treiz à Douarnenez

48°05' Nord / 4°20' Ouest